Aujourd’hui, je vous présente un autre Joseph, lui aussi poilu. Et lui non plus, n’est pas revenu.
(Pur hasard, ces deux Joseph avaient le même deuxième prénom, Louis)
Joseph Mahé est né en 1886 à Saint Thois (Finistère), fils de sabotier et cinquième d’une fratrie de onze enfants. Il est le frère de deux de mes arrière-grand-mères (oui, mes grands-parents étaient cousins germains, je vous vois venir avec vos blagues sur la consanguinité 😉 … j’y reviendrai dans un prochain billet).
Malgré le retard pris par les archives départementales du Finistère, sa fiche matricule a été en ligne (elle ne l’est plus à l’heure où j’écris, ce que je ne m’explique pas).
J’y apprends qu’il est mort le 18 juin 1916 à Vaux (Meuse), toujours près de Verdun.
J’ai du mal à lire ce qui est écrit juste au dessus de « tué à l’ennemi » : « Rentré (?) et évacué au ?? le 4 octobre 1915« .
Si quelqu’un réussit à déchiffrer, je suis preneuse.
EDIT : @SophieReynal a vu juste : « rentré et évacué au dépôt ». Merci à elle.
J’ai trouvé (merci Madame Internet) un site ayant retranscrit le carnet d’un Poilu. Il est passé par le 132ème régiment d’infanterie (celui de Joseph) et en juin 1916, il est au fort de Vaux, l’armée française tentant de reprendre le fort aux allemands.
Voici ce qu’écrit le Sergent Edouard Mattlinger le 18 juin 1916 :
Toujours une grande activité sur notre front. Nous restons encore en réserve sous notre tunnel.
Pour me distraire, je fais la soupe et du café avec de l’alcool solidifié. Pendant ce temps, mon sergent est allé au ravitaillement et revient avec un bon bidon d’eau de vie, ce qui fait notre affaire.Pendant que nous mangions la soupe, un obus vient tomber en plein milieu d’une section qui se rassemblait pour aller porter de l’eau à nos poilus en lignes.
Ce fut un moment de panique.
A l’entrée du tunnel, moi qui n’avais rien entendu, je me demandais ce qui arrivait. Je croyais que les Boches avaient réussi à arriver jusqu’à nous et, je me voyais déjà prisonnier. Après cette surprise, je suis allé me rendre compte et, malheureusement, je ne vis que des blessés et des cadavres. Tous les poilus donnèrent la main aux blessés pour faire les pansements. Et, je retourne à ma place prendre mon café, car dans cette vie, il faut être dur, sans quoi l’on mourrait de peur.
Le soir, j’ai écris à mon épouse et lu des journaux. Mais les journaux ne m’intéressent plus. Il y a trop longtemps qu’ils nous bourrent le crâne.
Joseph est très probablement mort sous cet obus, à 30 ans.